Jour après jour, ENEDIS1
déploie son réseau de compteurs LINKY sur le territoire français,
déploiement qui devrait être achevé en 2021. Dans le 70, certains
communes sont déjà concernées, les autres le seront prochainement.
Jusqu’à récemment on pouvait trouver la date du déploiement dans
sa commune sur le site ENEDIS, mais depuis peu l’opérateur ne
donne plus ces informations, ce que nous déplorons.
S’il est impossible de
relater ici les innombrables informations qui s’échangent tous les
jours sur la toile au sujet du LINKY, nous allons essayer de faire
une brève synthèse sur le sujet.
Pourquoi le LINKY ?
Tout part d’une directive
européenne de 2009 disant que, « Si
la mise en place de compteurs intelligents donne lieu à une
évaluation favorable, au moins 80 % des clients seront équipés de
systèmes intelligents de mesure d’ici à 2020 ».
On notera que lors
de la transposition en droit français le Gouvernement va jusqu’à
un l’objectif de 95 %, ce qui est
bien au-delà
des attentes de Bruxelles. Officiellement les compteurs communicants
doivent permettre d’ajuster
la demande à la production
dans le contexte de la transition vers les énergies renouvelables
caractérisées par leur intermittence. Le système est conçu pour
permettre à ENEDIS de couper un certain nombre d’appareils gros
consommateurs (chauffage par accumulation, chauffe-eau, lave-linge,
grosses batteries…) au moment des pics de consommation et de les
activer au moment des creux. Linky
est donc bien plus qu’un compteur, c’est un ordinateur avec
lequel Enedis pourra piloter à distance votre équipement ménager
connecté.
Il est nécessaire de sortir
des énergies carbonée et nucléaire ce qui implique le recours aux
sources d’énergies renouvelables. Celles-ci sont d’un
approvisionnement plus irrégulier (éolien, solaire) ce qui implique
une gestion de leur intermittence. Dans cet esprit, nous pouvons
comprendre l’intérêt de compteurs communicants, mais pas du
programme LINKY. Des alternatives moins problématiques existent mais
ont délibérément été écartées par nos dirigeants alors que
d’autres états européens (Allemagne, Autriche, Belgique,
Lettonie, République Tchèque) soumis à la même directive ont fait
des choix techniques différents.
Que reproche-t-on au
système LINKY ?
Les griefs sont nombreux et
peuvent se regrouper en 7 domaines :
-
Intrusion dans la vie privée: La courbe de charge relevée toutes les 30 min (possiblement toutes les 10 min) permet d’avoir des renseignements assez précis sur votre mode de vie. La CNIL2 a posé un certain nombre de garde-fous, mais ces règles ont déjà été transgressées et le seront probablement encore.
-
Aspect financier: La dépense pour la nation, officiellement de 5,7 milliards d’euros pour l’achat et la pose des LINKYS, sans doute sous-estimée, sera financée par des suppressions de postes, la TURPE3 et à partir de 2021, directement par les consommateurs4. Ce n’est pas tout. Pour beaucoup d’usagers, il s’est avéré nécessaire de changer de puissance d’abonnement en raison d’une extrême sensibilité du dis-rupteur5 à tout dépassement, même bref, de la puissance souscrite, ce qui implique un surcoût au niveau de l’abonnement. Enfin, le compteur LINKY prend en compte la consommation de l’énergie « réactive6 » (ignorée par les anciens compteurs), ce qui, à équipement identique, engendre une augmentation moyenne de la facture de 20 à 30% (parfois davantage).
-
Risque de piratage : Comme pour toute transmission de données par voie électronique, le risque de piratage est réel, que ce soit pour des intérêts crapuleux ou plus politiques.
-
Risques d’incendie: En 2017 et début 2018, la presse locale a fait état d’un certain nombre d’incendies consécutifs à la pose d’un LINKY, dont au moins 2 mortels. La série n’est probablement pas terminée mais depuis l’été, en cas d’incendie, ordre aurait été donné aux enquêteurs de ne plus évoquer le possible lien avec la pose du LINKY.
-
Environnement : 35 millions de compteurs, dont un grand nombre en bon état de marche, vont être mis au rebut. Bravo pour l’exemple anti-gaspi !
-
Mensonge sur les économies d’énergie, économies vantées par ENEDIS : Les usagers responsables n’ont pas attendu LINKY pour surveiller leur consommation ! Par contre l’ensemble du système (concentrateur, CPL, ERL7 ) consomme une énergie non négligeable. En outre des « data centers », très énergivores, sont nécessaires pour stocker le nombre considérable de données captées par les compteurs LINKY. Il est probable que le bilan énergétique du système LINKY annoncé comme positif par ENEDIS soit en fait négatif.
-
Risques sanitaires : LINKY émet des ondes potentiellement dangereuses qui se surajoutent à la pollution électromagnétique déjà existante. Ces ondes se répartissent dans 3 groupes de fréquences : celles générées par le courant porteur en ligne (CPL) que rayonne le circuit électrique du domicile, celles émises par les antennes des concentrateurs et celles émises par les ERL 8. Dans son rapport, l’ANSES9 conclut à « une faible probabilité que l’exposition aux champs électromagnétiques émis par les compteurs communicants, dans la configuration de déploiement actuelle, engendre des effets sanitaires à court ou long terme ». Nous rappelons que l’absence de preuve n’est pas la preuve de l’absence et considérons que le principe de précaution commande de commencer par vérifier l’innocuité d’un système avant de le déployer ! Dans ses recommandations l’ANSES reconnaît « l’absence de données sur les effets sanitaires dus à une exposition aux champs électromagnétiques dans la gamme de fréquences aux alentours du kilohertz » (celle du CPL)… Ce qui, en fait, revient à reconnaître que nous servons tous de cobayes à une expérimentation à l'échelle nationale !
Refuser le LINKY ?
Si ENEDIS a l’obligation
légale de déployer ses compteurs, ils ne peuvent vous obliger à
l’accepter. Un poseur ne peut pénétrer dans votre domicile sans
votre autorisation. Il n’en va pas de même lorsque le compteur est
accessible, se trouvant sur la voie publique ou dans les parties
communes d’un immeuble collectif. Le
CNAFAL revendique le droit pour chacun d’accepter ou de refuser
l’installation du LINKY et de revenir à son ancien compteur en cas
de pose non consentie. Localement, des personnes ayant refusé LINKY
ont été victimes de pressions et d’intimidations. Ceci est
inacceptable et va à l’encontre des consignes données par les
ministres de l’environnement, Ségolène Royal puis Nicolas Hulot,
et reprises par le président d’ENEDIS. En cas de harcèlement, il
ne faut pas hésiter à porter plainte.
Et les municipalités ?
Les municipalités sont les
propriétaires historiques des réseaux électriques dont les
compteurs font partie. Depuis, la grande majorité d’entre elles en
ont concédé la gestion à un établissement public de coopération
intercommunal (EPIC). Le débat fait rage entre juristes pour savoir
si les communes restent ou non propriétaires des compteurs, auquel
cas elles auraient le droit de refuser leur déclassement. Plus de
700 municipalités ont pris des arrêtés divers allant de
l’interdiction du déploiement au soutien à la liberté de choix
en passant par le refus du déclassement. Certaines de ces
délibérations ont été cassées par le Tribunal administratif,
mais de loin pas toutes.
Pour en savoir davantage.
Il y aurait encore tant de
choses à dire, mais la place nous manque pour entrer dans les
détails. Si vous souhaitez approfondir le sujet nous vous invitons à
vous rendre sur les sites suivants :
Notre partenaire PRIARTEM
http://www.priartem.fr/
et Robins des Toits http://www.robindestoits.org/
sont des associations traitant de tous les aspects de la
problématique des ondes. La coordination nationale des collectifs
https://stopLINKY-france.webnode.fr
est centrée sur le LINKY et les compteurs communicants. Le collectif
Stop Compteurs Communicants 70 pourra répondre à vos questions et
animer des réunions d’informations. Vous pouvez le joindre à
stcc70@orange.fr
ou laisser un message sur le 06 65 47 65 29.
François Vetter
Schéma général du
système Linky
1 ENEDIS
est le nouveau nom d’ERDF, organisme public chargé de la
distribution et de la facturation de l’électricité
2 Commission
Nationale Informatique et Libertés
3 Taxe
Utilisation du Réseau Public d’Electricité répercutée sur la
facture de chaque usager
4 rapport
de la Cour des Comptes (rapport annuel 2018, tome 1)
5 Système
complémentaire au disjoncteur mais installé directement dans le
compteur
6 Les
compteurs anciens ne comptent que l’énergie « active »
alors que le Linky compte aussi l’énergie « réactive »
dépendante du cosinus Phi
7 Voir
schémas
8 Emetteur
Radio Linky, sorte de WIFI destiné à piloter à distance les
appareils ménagers communicants
9 Agence
Nationale de Sécurité sanitaire de l’alimentation de
l’Environnement et du travail