Fin de la trêve hivernale : mobilisation des associations contre les remises à la rue
Le 31 mars marque comme chaque année la fin du plan hiver et la
reprise des expulsions locatives. Cet hiver la mobilisation des services
de l’Etat et des associations a été forte pour ouvrir jusqu’à 15 000
places hivernales en complément du parc d’hébergement pérenne. Si cet
effort a permis de mettre à l’abri pendant quelques mois des milliers de
personnes, les remises à la rue le matin, le manque de prestations
(alimentaires notamment) et l’absence de travailleurs sociaux ne
permettent pas d’accompagner les personnes hébergées sur des solutions
durables.
La qualité des places proposées et l’absence d’accompagnement dans
les nombreuses salles collectives, dortoirs, Algeco et gymnases
mobilisés dans les grandes villes en particulier interrogent les
associations. A la dégradation des conditions et des normes de
l’hébergement s’ajoutent les fermetures massives à partir du mois
d’avril. Début mars, la Fédération a saisi le ministre du logement et de
la cohésion des territoires d’une liste de près de 8 000 places (issues
des remontées du réseau) menacées de fermeture, le plus souvent sans
solution d’orientation pour les personnes. Après plusieurs rencontres
avec le ministre et des alertes médiatiques, la Fédération a obtenu la
pérennisation de 6 000 places au sortir de l’hiver. Nous saluons cet
effort nécessaire mais nous ne connaissons pas à ce jour le budget
affecté à ces créations ni leur répartition régionale. C’est pourquoi
nous demandons que la décision d’affecter un budget au plan hiver soit
prise dès l’élaboration de la loi de finances afin d’améliorer la
visibilité des associations et leurs salariés qui subissent des
ouvertures de places souvent anarchiques. Cette anticipation rendrait
possible l’investissement dans des centres plus qualitatifs, respectueux
de la dignité des personnes, ouverts 24h/24 et toute l’année. Cette
démarche permettrait également d’éviter des remises à la rue inutiles,
puisque dans l’attente de ces annonces de pérennisations de dernière
minute, de nombreuses personnes retrouvent la rue pour réintégrer un
hébergement quelques semaines plus tard.
Pour autant, cette annonce ne suffira pas à éviter les remises à la
rue de milliers de personnes, et la reconstitution de campements
indignes dans les grandes métropoles. La situation pourrait devenir
critique à Paris où la disparition des CHUM au profit des HUDA risque de
remettre à la rue 2 500 personnes dont la présence dans ces centres
deviendrait indue. Face à cette situation, la Fédération demande que ces
personnes actuellement hébergées puissent se maintenir dans ces centres
le temps nécessaire à leur orientation vers une autre solution.
Face à un système de l’hébergement à bout de souffle et qui s’éloigne
des objectifs du logement d’abord, le député Nicolas Demoulin (REM) a
rendu public dans un rapport
plusieurs propositions soutenue par la Fédération comme la
programmation d’une nouvelle enquête nationale INSEE sur les personnes
sans domicile, la fin de la gestion au thermomètre de l’hébergement avec
la programmation de places avec un accompagnement dès le début de
l’année ou encore la régularisation des ménages présents dans
l’hébergement d’urgence. Souhaitons que son appel soit entendu par
l’actuelle majorité.