COMITÉ DE VIGILANCE MAINTIEN DES SERVICES PUBLICS DE PROXIMITÉ EN HAUTE SAÔNE

 COMITÉ DE VIGILANCE

MAINTIEN DES SERVICES PUBLICS DE PROXIMITÉ EN HAUTE SAÔNE

Association loi 1901 – Siret 503 578 213 000 12 / W701000 725


1 rue Jean MOULIN 70200 LURE

comvig70@gmail.com –



Lettre d’information à


Mesdames et Messieurs les représentants au CTS de Haute-Saône


La Coordination Nationale des Comités de défense des Hôpitaux et Maternités de proximité a pour but de défendre et promouvoir l’accès aux soins pour toutes et tous, partout sur nos territoires. Or nous assistons à une réelle dégradation de l’offre de soins en France en général et en Haute-Saône en particulier, département que malheureusement nous qualifions de désert médical, et ce même si monsieur le directeur général de l’ARS affirme :

« je n’emploie plus le terme désert médical. Je préfère terre de redynamisation » (1),

contrairement à monsieur le Président de la République qui « pour mettre fin au scandale des déserts médicaux », a demandé « la régularisation de nombre de médecins étrangers ». (2)

Nous reconnaissons que des actions sont mises en place en Haute-Saône, par les autorités administratives et les collectivités territoriales, telles :

 Des maisons des stagiaires (comme à VESOUL, JUSSEY, HERICOURT),

 La Maison médicale de garde du bassin vésulien,

 La Communauté professionnelle territoriale de santé (CPTS) Croisée comtoise, basée à

Marnay,

 L’accompagnement du cabinet médical éphémère de FAVERNEY, ouvert une journée et demie, voire deux journées par semaine, en demi-journée... (pour compenser le départ de deux médecins du village) et subventionné à hauteur de 110 000 euros par l’ARS.

La commune, qui met à disposition gratuitement les locaux, assurera aussi pour sa part les charges de fonctionnement (3),

 Les efforts pour accueillir des stagiaires en diverses entités sanitaires,

Pour autant, force est de reconnaitre que cela reste marginal, ne résout pas le problème de fond du manque de professionnels, et laisse une situation globale insatisfaisante et en dégradation :

 En France, selon l’association des maires de France et la Mutualité Française, 87 % de la population vit dans territoire concerné par un désert médical, et 6,7 millions de Français n’ont pas de médecin traitant, soit 11 % de la population (4) ;

 Selon la Drees, au 1er janvier 2023, 99 457 médecins généralistes étaient en exercice en France. Un nombre qui ne cesse de baisser depuis 2012 (- 2%) et 65 % des professionnels de santé déclarent être amenés à refuser de nouveaux patients comme médecin traitant (5) ;

 Les usagers passent de plus en plus de temps à chercher des professionnels de santé, font de plus en plus de déplacements, subissent de plus en plus de files d’attente et donc connaissent des coûts et des risques multipliés ;

 Le diagnostic a été posé vendredi 22 décembre par le président du Département Yves Krattinger, lors de l’examen du budget primitif 2024 : 22 000 Haut-Saônois, soit près de 10 % des habitants du département, sont sans médecin traitant. Et la situation pourrait rapidement empirer : sur 187 généralistes actuellement en exercice, 75 ont plus de 60 ans, 30 plus de 67 ans !

 Le centre médical ADMR de Montbozon, suite au départ de ses deux médecins, se trouve actuellement sans praticien ;

 La situation inquiétante du service neurologie à Lure, conséquence de la non autorisation de report du départ en retraite du docteur ZIEGLER, chef de service, qui voulait assurer la pérennité de son service, refusé par monsieur le directeur général de l’ARS de BFC et par madame la directrice du GH 70.

Prenant acte de la décision des autorités de ne pas réguler l’installation des professionnels de santé – option que nous défendons -, décision confirmée par le président de la République lors de sa conférence de presse du 16 janvier, et plutôt que de conclure sur une note caustique du style « vous reprendrez bien un peu de désert ??? », nous souhaitons pour notre département la mise en œuvre d’un authentique accès aux soins pour tous ses habitants. La vraie attractivité d’un territoire, c’est la présence et la qualité de ses services publics de proximité, dotés des professionnels formés nécessaires à leur bon fonctionnement. C’est la  raison pour laquelle nous dénonçons régionalement et nationalement l’absence d’un vrai plan sanitaire, reposant sur un recrutement massif de professionnels, et assurant leur répartition en fonction des besoins et de l’intérêt général et donc remettant en cause une liberté d’installation qui n’a aucun fondement sanitaire et qui, si elle n’a pas créé les déserts médicaux, contribue à les aggraver.

Malgré notre profonde insatisfaction, en ce début 2024 nous adressons à toutes et tous les membres du CTS une belle année et une bonne santé.


Pour la Coordination nationale,

Benoit CHAUVEZ et Philippe DENIS, titulaires

Danièle PINGUE et Michel ANTONY, suppléants

Membres du CA du Comité de vigilance 70


(1) EST REPUBLICAIN du 17 novembre 2023

(2) Conférence de presse de monsieur MACRON le 16 janvier 2024.

(3) L’EST REPUBLICAIN S.M. – 9.12.2023

(4) 2

ème édition du baromètre santé-social de l’AMF et la Mutualité française, présenté lors du congrès des

maires 2023.

(5) Direction de la recherche, des Etudes, de l’Evaluation et des Statistiques (Drees) / démographie des

professionnels de santé – données au 1er janvier 2023.

(6) L’EST REPUBLICAIN - 26.12.2023 -