Avortement au Chili : les femmes face à d'innombrables obstacles

Alerte FIDH - 21 août 2018

Avortement au Chili : les femmes face à d'innombrables obstacles

 Il y a un an, le 21 août 2017, les autorités chiliennes ont pris une décision sans précédent en dépénalisant l’avortement dans trois situations précises : risque pour la vie de la mère, non-viabilité du fœtus et viol.
Cette loi est venue réformer l’un des cadres légaux les plus rétrogrades au monde, qui était en vigueur au Chili depuis près de trente ans. Cette législation, héritée de la dictature d’Augusto Pinochet, criminalisait et interdisait totalement la pratique de l’avortement.
De septembre 2017 à août 2018, 359 femmes ont recouru à un avortement légal et sûr dans le cadre de cette loi.
Si cette loi constitue une avancée importante, elle permet en fait à moins de 3% des femmes souhaitant ou devant interrompre leur grossesse de bénéficier de services d’avortement légal et sûr.
Le champ de la réforme est en effet déjà très limité et les obstacles sont multiples. Ils sont liés aux causes autorisant le recours à l’avortement mais aussi aux délais limités dans lesquels il doit être pratiqué. La loi autorise aussi l’intervention de tiers qui peuvent interférer dans la prise de décision des femmes et des filles et la conduite de campagnes de publicité est interdite.
De plus, si le champ d’application de la loi est déjà très limité, les dernières mesures prises par le nouveau gouvernement conservateur de Sebastian Pinera concernant l’objection de conscience semblent davantage conçues pour ne pas appliquer la loi plutôt que pour garantir l’accès à l’avortement légal et sûr dans les trois situations prévues.
De nombreux obstétriciens ainsi que plusieurs établissements privés ont déjà manifesté leur objection de conscience à pratiquer des avortements, créant ainsi de nouvelles restrictions d’accès à l’avortement légal et sûr.
47 % des obstétriciens ont déjà refusé de pratiquer des avortements en cas de viol au Chili.
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