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Si le budget présenté le 15 juillet par François Bayrou était voté, "ce serait une catastrophe pour le secteur associatif", alerte Claire Thoury. L'"année blanche", envisagée par le gouvernement et qui consiste à geler toutes les pensions et prestations sociales habituellement indexées sur l'inflation, serait "catastrophique", abonde également sur France Inter Christophe Robert, délégué général de la Fondation pour le Logement des défavorisés. "Ce budget n'est ni fait ni à faire et on demande sa révision", déclare-t-il.
Il faut "redistribuer davantage les richesses"
Christophe Robert se dit "triste et en colère" face aux annonces du Premier ministre, qui n'a "pas eu un mot sur les chiffres de la pauvreté qui ont augmenté à un niveau jamais connu depuis qu'on suit ces statistiques, depuis 30 ans", rappelant que 15,4% des ménages en France sont sous le seuil de pauvreté. "On a vu augmenter la pauvreté du fait de décisions successives qui font que les plus pauvres s'enfoncent, que les inégalités se creusent parce qu'on n'a pas su redistribuer les richesses et on nous annonce qu'on va geler toutes les prestations", dénonce Christophe Robert, regrettant qu'"on ne se rende pas compte de ce que ça veut dire 10 ou 20 euros en moins quand on a 650 euros par mois pour pouvoir survivre". Il appelle à "inverser la logique" et à "redistribuer davantage les richesses".
Face à cela, les associations n'ont déjà aujourd'hui pas les moyens d'agir correctement, alertent les deux représentants associatifs, évoquant une "fatigue associative". "C'est déjà extrêmement difficile, le budget 2025 est lourd de conséquences pour le monde associatif, des subventions qui baissent, des activités qui s'arrêtent, des grandes difficultés de trésorerie, des emplois supprimés. Si on continue comme ça, si la dépense publique n'est pas à la hauteur des besoins, la situation ne va aller qu'en empirant", souligne Claire Thoury.
"Je n'ai jamais vu ça, on se retrouve avec des injonctions contradictoires : il y a plus de besoins et moins de moyens."
Claire Thoury, présidente du Mouvement associatif
à franceinfo
"Les associations sont confrontées à un triple problème : premièrement, elles ont vu leurs coûts fixes très fortement augmenter, les coûts de l'énergie notamment, et les subventions publiques n'ont pas accompagné cette augmentation liée à l'inflation ; deuxièmement, la baisse des subventions ; et troisième élément, l'explosion des besoins", explique Christophe Robert. "C'est un enjeu de société majeur, car d'un côté, on a un budget qui va geler les prestations sociales et fragiliser encore les plus pauvres, et de l'autre, les associations sont moins en capacité de répondre aux besoins des personnes qui les sollicitent."
Claire Thoury ne détaille pas la forme de la mobilisation qu'elle entend mener à la rentrée mais "il faut que ce soit un peu partout, territorialisé, pour montrer que les associations sont partout" et "que notre société tient grandement grâce à ces associations et ces citoyens qui portent des projets, défendent des causes, dynamisent un territoire, etc.".
"Tous les jours, on nous appelle pour nous dire que telle association va fermer, telle association se pose la question de renouveler le départ d'un salarié, etc. On nous demande comment faire pour faire face à cette situation et on n'a pas de réponse. C'est pour ça qu'on a envie d'alerter largement", ajoute la présidente du Mouvement associatif.